René Angélil est décédé le 14 janvier dernier, à l'âge de 73 ans, des suites d'une longue maladie comme le veut l'expression et la politesse. Les fans de Céline Dion craignait que sa disparition nous la réduise au silence. C'est bien mal la connaître. Céline a rapidement séché ses larmes et relevé le menton. Pour ses enfants, pour son public, parce qu'elle n'a jamais rien fait d'autre: elle a repris le micro et a chanté sa peine avec les mots justes de Jean-Jacques Goldman (illustrée dans un clip bien peu inspiré). "Encore un soir" donne son titre à cet album, intégralement en français, une première depuis "Sans attendre", sorti en 2012. "Encore un soir" sera en vente vendredi. Nous l'avons écouté. Voici ce qu'il faut retenir.
C'est donc en français que Céline nous raconte le manque, l'oubli, l'espoir d'un futur plus doux. Céline Dion est un livre ouvert. Elle met sa vie sur la place publique avec une sincérité désarmante depuis toujours et on tend l'oreille avec attention pour l'entendre nous parler de celui qu'elle a tant aimé. Le meilleur côtoie le très moyen sur ce disque.
"J'apprivoiserai ton absence mais je ne dirai plus ton nom"
Le meilleur est signé Goldman, - vous l'entendez régulièrement à la radio -, et Daniel Picard, la voix québécoise de George Clooney, Keanu Reeves ou encore Hugh Grant au cinéma. L'homme a remporté un concours lancé par Céline en personne. Elle cherchait un nouvel auteur, du sang frais: Daniel Picard a soumis sa chanson "À la plus haute branche", inspirée par le décès de l'un de ses proches et retravaillée pour qu'elle colle au plus près à Céline. Le résultat est impeccable: la mélodie est sobre et sublime les paroles. Céline chante: "Il y aura bien sûr un malaise, comme une brève hésitation, au moment de placer les chaises pour le repas du réveillon. Tu vivras dans tous nos silences, au hasard des conversations. J'apprivoiserai ton absence mais je ne dirai plus ton nom."
Dans "Je nous veux", une ballade convenue mais efficace, Céline évoque son retour à la maison, une nouvelle dont elle aura dessiné les plans, le jour où elle aura "fait le tour" de tout ça. "Je nous veux tous heureux, mes amours, mes enfants. Je nous veux près des yeux, près du coeur simplement. (...) Je veux ma famille autour de moi, je nous aime à l'étroit."
Zaho, Vianney, c'est la nouvelle veine de la chanson française?
Grand Corps Malade signe deux titres sur ce disque et pour tout dire, on l'a connu plus inspiré. Le cliché du virtuel usé à toutes les sauces depuis l'avénement des réseaux sociaux ressort dans "Les yeux au ciel" qui s'adresse plus que probablement à l'adolescent René-Charles. Le moyen, on le doit aussi à l'omniprésence de Zaho, découverte avec le titre "C'est chelou" il y a moins de dix ans. Céline Dion tâte donc du R'n'b commercial avec rimes pauvres et souffles saccadés de rigueur sur trois morceaux et on se demande si cela était bien nécessaire.
Au rayon jeunesse, Céline Dion va également chercher Vianney pour "Ma force". Le gamin né en 1991 a été, pour rappel, sacré "Artiste interprète de l'année" aux dernières victoires de la musique suite au carton de l'agaçant "Pas là". De là à lui demander un titre...
Pour retrouver la Céline qu'on aime, à savoir tout en coffre et en éclat, on écoutera sa reprise du titre de Robert Charlebois "Ordinaire", une chanson "à l'ancienne" qu'on projette très bien sur scène. Elle nous quitte sur "Trois heures vingt" enregistrée au milieu des années 80 et remasterisée pour l'occasion. Le titre a été diffusé aux obsèques de René Angélil. C'est sur cette chanson-là, représentative de leur histoire, que le mari de Céline Dion voulait s'effacer. L'absent est partout sur ce disque et c'est cela, surtout, que tout le monde retiendra.
