Ecrivaine née à Ziguinchor, Joséphine Loppy a publié aux éditions L’Harmattan son quatrième livre intitulé “L’amour au cœur du conflit en Casamance’’. Dans cet entretien accordé à “EnQuête’’, elle revient sur son œuvre, la vie de l’ancien évêque émérite de Ziguinchor, Monseigneur Augustin Sagna, frère germain de sa maman, mais surtout le long et lancinant conflit de la Casamance, de ses origines jusqu’aux derniers développements.
Parlez-nous de vous.
Qui est Joséphine Loppy ?
Je suis Joséphine Loppy, auteure de quatre ouvrages publiés aux édi- tions L’Harmattan. Mon premier, je l’ai sorti en 2016. C’est un ouvrage que j’ai écrit sur l’évêque émérite de Ziguinchor, Mgr Augustin Sagna, qui est le frère ainé de ma maman. C’est le premier évêque de Ziguinchor, après Mgr Prosper Dodds. A sa mort, en 2012, j’en étais malade. Je m’en voulais un peu de n’être jamais allé le visiter à Cabrousse où il avait construit son domaine après sa retraite. Parce que je ne comprenais pas le fait qu’il ait choisi d’aller habi- ter là-bas. Moi, je lui disais que tu es de Bignona, du Nord ; comment tu peux choisir d’aller habiter à Cabrousse ? Je ne le comprends pas. Je ne savais pas, en fait, que c’était
dans cette zone qu’il a été nommé pour la première fois, quand il a été ordonné prêtre. Et à chaque fois qu’il me demandait pourquoi tu ne viens pas me voir, parce qu’il m’aimait beaucoup, je lui disais : je ne vien- drai pas, parce que là-bas c’est la zone des rebelles (rires). On était très complice. C’est un homme qui m’a beaucoup marqué, un homme bien, qui aimait aller vers les gens. Sans distinction de leur religion ou de l’ethnie à laquelle ils appartiennent. J’ai vraiment craqué à sa mort. Et cela a été une sorte de déclic, je peux dire.
Qu’en est-il de votre deuxième livre “Les étincelles d’un amour interdit’’ ?
C’est une histoire d’amour entre un jeune banquier musulman et une fille catholique. A travers cette his- toire, je voulais mettre en exergue le
fait qu’un homme puisse se marier sans changer de religion, alors que la femme, elle, ne peut pas. Au départ, la maman ne voulait pas de la rela- tion, parce que simplement c’est un musulman qui demande la main de sa fille. Cette dernière n’a trouvé mieux que de tomber enceinte pour mettre ses parents devant le fait accompli. Malgré cela, les parents ont dit niet... Finalement, après moult efforts et péripéties, ils se sont retrouvés, mais le héros finit par mourir des suites d’un accident et c’est ce que beaucoup de lecteurs n’ont pas du tout aimé (rires). D’autant plus que la fille attendait leur deuxième enfant.
Mais j’ai voulu surtout montrer cet amour intense, la résilience de cer- taines personnes quand ils aiment. Après tout ce qu’ils ont vécu à cause de leurs parents, les deux tourtereaux sont arrivés à se surpasser, à pardon-
ner à leurs parents et à continuer leur vie comme si de rien n’était. C’est vraiment l’histoire que j’ai voulu montrer et dire à tous les parents qu’en voulant empêcher leurs enfants de se marier avec l’être aimé, ils ne font du mal qu’à leurs enfants. C’est d’autant plus à éviter que nous voyons que ça se termine parfois par des drames.
Apparemment, vous aimez bien les histoires d’amour impossible ou difficile, si l’on sait que dans votre dernier livre, vous mettez en scène l’amour entre la fille du président de la République du Sénégal et le fils d’un chef rebelle du MFDC ?
(Rires) C’est un pur hasard. J’ai juste voulu écrire sur le conflit casa- mançais, en tant qu’écrivaine et fille de la Casamance. Je me suis dit qu’il fallait que je trouve quelque chose
d’original. C’est comme ça que je me suis inventé ces deux personnages, assez atypiques je reconnais. Mais il n’y a aucune corrélation. Et puisque nous parlons d’histoire d’amour, il y a aussi le troisième roman, “Amira’’, qui parle d’un mariage forcé et pré- coce. L’héroïne est une fille de 13 ans qui avait des rêves plein la tête, qui voulait devenir médecin, mais a été sacrifiée par son père adoptif. Son père biologique décédé, sa mère s’est remariée avec l’ami de son meil- leur ami. Pour des intérêts, il l’a donné en mariage au fils d’un de ses amis. De viol en viol, parce que c’est un véritable viol, la fille a pris la déci- sion de s’enfuir pour se sauver. Elle s’est retrouvée en Côte d’Ivoire, où elle a trouvé l’être aimé et s’est rema- riée.
Pour en revenir au dernier, “L’amour au cœur du conflit en Casamance’’, quel est le message que vous avez voulu véhiculer à travers les personnages de Fatima Zohra (fille du président de la République) et Mohamed (fils d’un chef rebelle du MFDC) ?
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