Introduction
Une nouvelle plume s'affirme dans le roman, Joséphine Loppy (L'amour - au cœur du conflit en Casamance, 2021) qui évoque la fin de la crise casamançaise et la solution par l'amour. Il s’agit d’une fiction qui aménage une grande place à des textes d’escorte, à visées informatives et idéologiques. L’avant-propos du roman de Josephine Loppy est, au-delà de ses données objectives, un long cri du cœur et une prière de paix. Puisque l'écrivaine exprime sa souffrance et celle de ses compatriotes et demande une redéfinition des règles du jeu. Cet avant-propos fonctionne d'ailleurs comme une sorte de clause de contrat de lecture, un pacte pour le droit à lire le roman du peuple accablé. Mais en même temps ce plaidoyer pour la paix et la concorde décrit les contours d'un espace touristique privilégié et d'un pays en marche vers le développement, représenté par un Sénégal merveilleux, différent et en plein renouveau (p.88). Ce texte d'avant-propos pose bien les problèmes et constitue l'arrière-plan culturel, politique, économique et idéologique de la fiction de Joséphine Loppy.
1- Le dispositif : fonctions paratopiques et uchroniques
La fiction de Loppy utilise la technique du dialogue, qui se traduit par une sorte d'épanchement lyrique parfois, d'aveux sans détour, dans les contextes d'échanges amoureux. La pratique du discours rapporté donne lieu à une reformulation des propos tenus et à une explication des contextes de leur production (exemple les résumés p. 184 et 241/242). Joséphine Loppy a su créer, par les dialogues et les récits, deux atmosphères : celle de l'idylle entre deux jeunes gens qui s'aiment (ch.1 à 7) et celle des négociations (ch. 8 à 10) menées, avec courage et bonne foi, par le Président (ch. 8.). Tout se déroule dans une temporalité qui se structure par l’approximation. Ainsi, "Trois semaines se sont écoulées", depuis ses échanges houleux avec son père (p. 187). Et la mission de les ramener à la raison était dévolue à la Première dame, Élise sa mère (p.189). "Cela va faire bientôt un an que les différentes parties sont en pourparlers." (p.221). Le choix pour un temps indéterminé est constitutif de la fiction de Joséphine Loppy. L'accent est plutôt mis sur l'événement ou les circonstances. Le temps s'exprime généralement chez cette auteure en semaine et en mois, plutôt qu'en dates romanesques précises et complètes.
Les événements se déroulent en France et au Sénégal : Paris est souvent évoqué, Lyon où vit et travaille Mohamed, Dakar et Ziguinchor. Si Paris est l'espace où se déroulent l'histoire sentimentale, c'est au lieu de résidence du président de la République que se trouve l'instance de décision représentée par le père de Fatima Zohra. La Casamance et ses dignitaires et ses chefs de guerre est présentée comme le lieu véritable de la quête de la paix. Il apparaît que le chemin de la paix réside dans la mise à contribution des représentants de toutes les couches de la population impliquées dans le conflit (p.239). La solution n'est donc pas dans l'usage de la force, mais plutôt dans le jeu des forces subjectives.
Elle adopte des indications temporelles en rapport avec le temps objectif (ch. 4 " bientôt deux mois " p.151). Par bonheur, le moment est favorable, car après avoir essuyé un refus ferme de cette union de la part de son père, elle peut espérer le voir revenir à de meilleurs sentiments. Selon une confidence que lui fit sa mère, le Président qui venait d'entamer son second mandat, avait initié avec le mouvement indépendantiste, depuis quelques mois, un dialogue qu'elle espérait fructueux et qui, peut-être, seul pourra constituer un gage pour l'acceptation de cette union.
Pr. Birahim Thioune .