Selon l'Institut national du cancer et l'Assurance maladie, le dépistage ducancer de la prostate comporterait davantage de risques de sur-traitement que de réels bénéfices.
Faut-il se faire dépister ? À plus de 50 ans, il est recommandé aux hommesde surveiller un éventuel cancer de la prostate. Pourtant, et bien qu'il soit conseillé par les urologues, ce dépistage est fortement remis en question.
« Pour nous, ce dépistage présente plus d’inconvénients que de bénéfices. Mais l’essentiel est de bien informer les hommes pour qu’ils prennent une décision éclairée », explique Frédéric de Bels, en charge du dépistage à l’Institut national du cancer (Inca), dans des documents d'information rendus publics le 22 mars dernier. Pour l'organisme, soutenu par l'Assurance maladie et le Collège de la médecine générale, il est primordial d'éclairer les patients ainsi que les médecins sur le dépistage et les traitements du cancer de la prostate.
Il faut dire que le discours entre les autorités sanitaires et les urologues est contradictoire. Si les premiers ne recommandent pas le dépistage, les seconds continuent de le défendre.
Pour y voir plus clair, l'Inca et l'Assurance maladie ont donc mis à disposition des brochures d'information expliquant les deux examens proposés dans le cadre du dépistage du cancer de la prostate : d'une part, le toucher rectal, de l’autre, le dosage du PSA (antigène prostatique spécifique) réalisé par une prise de sang. En cas d'anomalie, les médecins proposent alors une biopsie qui consiste à prélever des échantillons de prostate pendant une anesthésie locale. En cas de cancer, plusieurs thérapies sont possibles : soit de la chirurgie pour enlever la prostate, soit de laradiothérapie pour détruire les cellules cancéreuses, soit de la curiethérapie (une technique qui place des implants radioactifs dans la prostate).
Mais quel que soit le type de traitement, l'Institut national du cancer met en garde les patients sur les nombreux effets secondaires qu'ils comportent. Parmi eux, l'incontinence urinaire, les troubles de l'érection ou encore l'impuissance. Des inconvénients majeurs dans la vie d'un homme, aux vus des bénéfices d'un tel dépistage qui, la plupart du temps, permet simplement de découvrir de petits cancers latents qui ne demandent pas forcément de traitement. « C’est la raison pour laquelle aucune agence sanitaire dans le monde ne le recommande », souligne Olivier Scemama, de la Haute Autorité de Santé (HAS).
Pourtant 62 % des hommes de 50 à 69 ans ont recours à ce dépistage. Selon les urologues, « sans lui , on risque de passer à côté de certains cancers agressifs qui vont être découverts au stade des métastases ».
À noter que le cancer de la prostate touche chaque année 57 000 hommes en France. Parmi eux, on compte environ 8 900 décès qui concernent majoritairement des personnes de plus de 75 ans. Le cancer de la prostate a la particularité d'avoir une évolution lente. Souvent, les premiers symptômes ne se déclarent que 10 à 15 ans après que la maladie se soit installée.